L’oiseau Parker dans la nuit, Yanick LAHENS

lahens

22€ – Sabine Wespieser

Beaucoup de poésie dans ce très beau recueil de nouvelles. Haïti, ses personnages et leur quotidien, ses couleurs sombres, belles ou violentes, la vitrine et puis… ce qu’il existe derrière. Et quel style !
Au fil de ces histoires plutôt désespérées, on entrevoit l’homme et la femme, leur complétude et leur humanité. Vies et destins d’une communauté de personnages sur l’île d’Haïti, tracés d’une plume simple, tantôt légère et apaisante, tantôt violente et douloureuse. On découvre des hommes las, guidés par le désir, abîmés par l’existence… Plus souvent qu’à leur tour, les femmes ont un courage, une force d’âme qui nous laisse stupéfaits, comme hébétés. Il ne s’agit pas là d’opposition mais d’échange, de violence également, de reconnaissance d’une altérité et d’une richesse. Qui a du mal à germer. Souvent dans ces nouvelles, la lucidité s’offre comme un éclair avant que tout ne bascule. Par contraste, l’aveuglement des autres sonne comme un glas. Des nouvelles montrent ces êtres corrompus par l’excès, l’ambition ou l’avidité, perdus, détruits par cette société haïtienne, ses inégalités, ses abîmes. Forcément la question de la place occupée par chacun dans ce monde est centrale, et la façon dont c’est vécu. Pourtant tout n’est pas fatalité et il y a beaucoup de pages magnifiques, portées par le style épuré de Yanick Lahens. Par exemple, la nouvelle éponyme où une femme s’adresse à l’homme aimé dans une lettre poignante. Au travers de ce recueil ce sont à la fois les peines et les joies, la ville et le milieu rural, les faiblesses, les espoirs qui sont racontés avec cœur et élévation. A la lecture de ces textes s’ouvre aussi comme un ravissement, d’abord devant l’écriture puis devant la vie et sa teneur, sa nature. Un ravissement exacerbé par un sentiment de fragilité. Et l’on sent comme un fil directeur dans ces pages, peut-être une question de respect. Une question qui nous serait adressée : du respect des femmes, de l’environnement, du peuple, peut-il naître une paix ?

Romain

PS. L’article qui précède a été écrit pour Page des Libraires n°195.

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