
Laurent Mauvignier nous embarque dans un thriller psychologique de haut vol, avec son écriture déliée et hypnotisante. Dans un hameau perdu et isolé, une femme est rattrapée par son passé. On est tenu en haleine jusqu’à la dernière page. Epoustouflant!
Extrait: (attention prenez votre souffle c’est une longue phrase)
« Ce matin, ils ont fait comme tous les jours : Patrice a travaillé aux champs, Marion a emmené Ida à l’école puis est allée à son travail, Christine s’est assise face à la toile qu’elle pensait avoir finie la veille et, dans l’atelier, elle s’est retrouvée avec cette femme nue et rouge trônant sur un fauteuil immense, comme une reine un peu plus grande qu’une femme réelle, qui attend on ne sait quoi, comme une géante vieillissante dont l’âge l’emmène du côté de la vieillesse, mais avec douceur, lenteur, l’accompagnant dans la plénitude sans la faire basculer encore dans la décrépitude, un âge de nuance qui n’est plus celui de la splendeur ou du triomphe du corps mais qui n’est pas encore celui de son effondrement, un âge humain fait de glissements, d’époques se chevauchant, se contaminant un peu comme les couches successives laissant voir leur présence, comme si l’âge laissait apparaître plusieurs époques d’une seule vie dans une seule image. »